Comme un passage de témoin

Le 07/07/2008 à 14:34
Par Régis AUMONT
De Sports.fr

En faisant main basse sur Wimbledon au terme d'un match épique, Rafael Nadal est entré dans une nouvelle dimension. Son sacre londonien, le premier en Grand Chelem ailleurs qu'à Paris, renforce l'idée que le Majorquin est actuellement le meilleur joueur de tennis au monde. Défait dans son jardin, Roger Federer, très marqué, veut lui faire taire au plus vite ceux qui croient en son déclin.


A Londres, comme à Paris, le maître était espagnol. (Reuters)

En même temps qu'il escaladait les tribunes du Centre Court pour rejoindre son clan quelques instants après s'être écroulé sur l'herbe londonienne, Rafael Nadal ne se hissait-il pas simplement au sommet du tennis mondial ? Sorti vainqueur d'une lutte mémorable face à celui qui siège tout en haut de la hiérarchie depuis février 2004, qui plus est dans l'antre du premier exploit de Roger Federer en Grand Chelem, l'Espagnol a dans beaucoup d'esprit pris virtuellement la place de numéro 1 des courts à son si valeureux vaincu. Si 545 points séparent encore les deux hommes ce lundi à la publication du classement ATP, un écart qui n'a jamais été aussi infime, le Majorquin, longtemps catalogué par certains comme un grand joueur de terre battue uniquement, compte désormais une avance confortable à The Race (955 contre 685), le classement qui ne prend en compte que les résultats de la saison en cours.

Sous les crépitements des flashes à la nuit tombée, la partie, interrompue à deux reprises, s'étant terminée à 21h20 heure locale, Nadal, fair-play comme toujours, prenait soin de rappeler à tout le monde que «Rodger» demeurait le meilleur joueur du monde, "le plus grand de l'histoire du tennis", allait-il jusqu'à déclarer dans son anglais de lycéen devant un public médusé par ce qu'il venait de voir. Toujours très respectueux de l'Helvète, le prodige de Manacor ne s'est pour autant jamais résolu à enfiler le costume du brave dauphin. Vainqueur cette saison de deux Grand Chelem (Roland-Garros et Wimbledon), deux Masters Series (Monte-Carlo et Hambourg), ainsi que du Queen's et de Barcelone, «Rafa» présente une carte de visite 2008 digne d'un numéro 1 en puissance, plus en tout cas que celle affichée par Federer (deux titres seulement, à Estoril et Halle).

Federer: "Ecrivez ce que vous voulez..."

Ces chiffres parlent d'eux-mêmes. D'où l'interrogation de savoir si le passage de témoin entre les deux principaux acteurs du circuit masculin n'est pas en train de s'effectuer. Dimanche soir, sous le choc de la défaite, Federer, touché dans son orgueil de champion, s'est adressé aux journalistes en leur envoyant d'un ton sec: "Ecrivez ce que vous voulez. Moi, je vais essayer de gagner les JO et l'US Open." Déjà défait neuf fois en 2008, ce qui serait une performance pour bon nombre de joueurs arpentant le circuit chaque semaine, le Bâlois n'a assurément plus la même mainmise sur le jeu qu'il l'avait encore la saison dernière. S'il serait sacrément osé de parler de déclin pour un joueur qui vient d'atteindre la finale de Roland-Garros et Wimbledon, il est vrai que la question de savoir si le lauréat de douze levées du Grand Chelem parviendra un jour à battre le record de Pete Sampras (quatorze) mérite plus qu'avant une réflexion.

Car ce qui semblait acquis il y a de cela encore quelques mois ne l'est plus. Avec zéro Majeur ajouté à son escarcelle depuis janvier, le maître, qui fêtera ses 27 ans le 8 août, jour de la cérémonie d'ouverture des Jeux de Pékin, aura de plus en plus de mal à mater la concurrence, il est vrai représentée avant tout par Nadal. Mais à l'inverse du jeu du Suisse qui n'est plus aussi régulier dans la performance que jadis, celui de l'Espagnol est en constate progression. Meilleur serveur qu'auparavant, bien plus décisif en revers qu'il ne l'était, celui qui détient désormais cinq titres en Grand Chelem ne semble pas encore avoir atteint ses limites. Voilà ce qui ne joue pas en la faveur de Federer qui va de plus remettre de gros points en jeu d'ici la fin de la saison, que ce soit à Cincinnati, à l'US Open ou au Masters. Et si l'éventuel changement de leader du tennis mondial semblait pour beaucoup injustifié il y a quelques mois au vu des résultats d'ensemble de Federer et Nadal, s'il s'effectuait dans les prochaines semaines, peu y trouverait quelque chose à redire. Le sacre de l'Ibère à Wimbledon est passé par là.

sports.fr
http://www.sports.fr/cmc/tennis/200828/comme-un-passage-de-temoin--_187241.html

RAFA NADAL EN WIMBLEDON: DE LA EMOCIÓN POR LA VICTORIA A LA CELEBRACIÓN CON LOS MÁS GRANDES

Tras abrazarse a su familia y recibir la felicitación de los Príncipes de Asturias, el flamante campeón festejó su triunfo en una cena con Venus Williams, Manolo Santana y Martina Navratilova



Rafa & Manolo Santana
7 JULIO 2008

“El mejor partido de la historia”. Así definió el tres veces campeón de Wimbledon John McEnroe el partido que disputaron el domingo Rafa Nadal y Roger Federer en el All England Club, sede del campeonato. Un encuentro que ha encumbrado al primero a la cima del tenis mundial al alzarse por primera vez, a sus 22 años, con un trofeo tan deseado como merecido. No en vano, el mallorquín derrotó al número uno del mundo por 6-4, 6-4, 6-7, 6-7 y 9-7 en una final masculina que se prolongó casi cinco horas por causa de la lluvia. De este modo, el tenista de Manacor ha hecho historia al convertirse en el primer jugador que gana el Abierto de Francia y Wimbledon en el mismo año desde Bjorn Borg en 1980.

Tras el golpe que le dio la victoria, Nadal no pudo más que tirarse al suelo y gritar en señal de triunfo. Acto seguido, el joven corrió hasta la zona de las gradas donde se encontraban sus familiares: su padre, Sebastián Nadal, su madre, Ana María Parera, y su tío y entrenador, Toni Nadal. Con ellos se fundió en un sentido abrazo al que acompañaron lágrimas de emoción, mientras el resto de espectadores estallaban en vítores y aplausos. El tenista también quiso acercarse a saludar a los Príncipes de Asturias, que le abrazaron y le dieron la enhorabuena. Nadal posó con su ansiado trofeo al lado de su contrincante y subcampeón, Roger Federer, que encajó su derrota con deportividad y reconoció el mejor juego de su oponente: “Es el merecido ganador”, dijo el suizo.

Cena de gala para el campeón

Después de atender a la prensa durante tres horas, asearse y cambiarse de ropa, Rafa acudió al tradicional Baile para los Campeones en el hotel InterContinental de Hyde Park, donde se codeó con lo más granado del tenis mundial. Pese a que llegó con retraso –no hizo aparición hasta las doce y media de la madrugada, cuando ya se había servido la cena- el ganador pudo disfrutar de su noche: “Siento llegar tarde, pero estoy muy feliz de que ahora seamos dos los miembros españoles en el All England Club”, dijo en alusión a sí mismo y a Manolo Santana, único español junto a él en ganar este torneo, en 1966. “Me resulta imposible explicar lo que siento. Nunca imaginé algo como esto”, afirmó exultante.

El flamante campeón de la final masculina de Wimbledon paseó su copa de ganador mientras recibía las felicitaciones de los allí presentes. Entre ellos, además de Santana, la tenista checa Martina Navratilova y la ganadora este año de la final femenina, Venus Williams. Fue precisamente con ésta última, con su madre Oracene, y con Santana con quienes Nadal compartió mesa durante la velada.

source: http://www.hola.com

Où s'arrêtera Nadal?



Rafael Nadal a remporté à Wimbledon le 5e titre du Grand Chelem de sa carrière. Pas commun à 22 ans. Vainqueur en juin à Roland-Garros pour la 4e année consécutive, l'Espagnol peut réaliser le petit Chelem lors du prochain US Open. Et devenir numéro 1 mondial? Réponse dans les prochains mois...

22 ans et déjà un palmarès de géant. Considéré à ses débuts comme un simple spécialiste de terre battue, à l'image de la majorité de ses compatriotes qui ont grandi sur cette surface, Rafael Nadal a su, à force de travail, apprivoiser le jeu sur gazon. Comme Manuel Santana, le seul Espagnol avant lui à s'être imposé au All England Club, en 1966. Santana, que Nadal a dépassé dimanche au classement des Ibères les plus titrés en Grand Chelem.

Troisième joueur de l'ère Open à réaliser le doublé Roland-Garros - Wimbledon après Rod Laver (1969) et Björn Borg (1978 et 1980), "Rafa" affole les statistiques. A son âge, certains anciens numéros 1 mondiaux sous l'ère Open étaient loin du compte. Vainqueur de son premier titre sur le circuit à Sopot, en 2004, â l'âge de 18 ans, le Majorquin remporte l'année suivante son premier Grand Chelem, à Roland-Garros. Trois ans plus tard, le voilà avec 5 titres et deux finales dans les Majeurs (Wimbledon en 2006 et 2007) assortis de 24 autres succès.

Mieux que Federer, Sampras et Lendl

Un seul joueur avait fait mieux au même âge: Björn Borg, couronné six fois dans le Grand Chelem entre 1974 et 1978, et onze fois sur l'ensemble de sa carrière. Pete Sampras, joueur le plus titré en Grand Chelem (14 titres) et Roger Federer, son dauphin (12 titres), étaient bloqués à trois Majeurs à 22 ans. Boris Becker et Mats Wilander, pourtant plus jeunes que Nadal lors de leur premier sacre en Grand Chelem (18 ans), n'en comptaient qu'un de plus. Ivan Lendl, de son côté, ne décrochait la timbale qu'à 24 ans.


Renversant sur terre battue, impressionnant sur herbe, Rafael Nadal, numéro 1 à la Race, n'a jamais semblé aussi près de faire chuter Roger Federer de son piédestal. Dauphin du Suisse depuis juillet 2005, l'Espagnol compte moins de 600 points de retard sur son meilleur ennemi. Auteur d'un après-Wimbledon 2007 moyen (un seul titre à Stuttgart, une finale au MS de Paris-Bercy et un 1/8 de finale à l'US Open), Nadal a les cartes en main pour atteindre le premier rang de la hiérarchie avant la fin de la saison. D'autant que Federer a beaucoup de points à défendre avec ses succès à Cincinnati, Bâle, l'US Open et les Masters. Et qu'il devra se reconstruire avant d'entamer la dernière ligne droite.

En dedans dès qu'il affronte Nadal sur terre battue, Federer a pris un énorme coup sur la tête en perdant sa couronne sur son gazon béni. S'en relèvera-t-il? Le Suisse, qui n'a remporté aucun des trois premiers Grands Chelems de l'année pour la première fois depuis 2002, jouera sa saison sur l'US Open, sa dernière forteresse. Doté d'un mental hors du commun - ce qu'il a encore prouvé dimanche - Nadal a les épaules et le jeu pour briller sur dur et assumer un rôle de leader du tennis mondial. Seul point d'interrogation, son physique. Doté d'un jeu extrêmement usant, bâti sur une défense de fer, l'Espagnol ne s'économise pas. Et son corps le ressent déjà: blessé à la cheville en fin de saison dernière, son oncle et entraîneur Toni, avait peur pour la suite de sa carrière. Touché au genou, il vient de se retirer du tournoi de Stuttgart dont il était le tenant du titre. Sans doute davantage par précaution, conscient du tournant qu'il peut donner à sa carrière...

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Manacor rinde homenaje al ganador de Wimbledon
“No me esperaba este recibimiento, me ha emocionado mucho”



mallorcadiario.com
martes, 08 de julio de 2008

PALMA.- Manacor ha recibido a Nadal como a un auténtico héroe. Cientos de personas se han reunido frente al Ayuntamiento manacorí para poder celebrar junto a su ídolo el título de Wimbledon. Rafa, que ha sido recibido por el alcalde de Manacor, Toni Pastor, y por el president Francesc Antich, ha dicho que “decir que soy de Mallorca, de Manacor, es todo un honor para mí”.

Acompañado en todo momento por su familia, el campeón no ha dudado ni un segundo en firmar las camisetas con su rostro que sus vecinos habían preparado para la ocasión.

El alcalde de Manacor, Toni Pastor, ha querido agradecerle “lo que nos haces disfrutar y gracias también por lo que nos hiciste sufrir durante la pasada final”.

Asimismo ha afirmado que “Nadal es el mejor embajador de Manacor y también de las Islas Baleares”, de hecho ha asegurado “cuando salgo fuera, ya no soy el alcalde de Manacor, soy el alcalde del pueblo de Nadal”.

Finalmente, y después de firmar en el libro de honor del Ayuntamiento y recibir una estatuilla de bronce de las manos del presidente de la comunidad y, tanto él como su tío Antoni Nadal, una insignia de oro del consistorio, el tenista ha salido al balcón de la casa municipal.

Tímido, aunque sin perder la sonrisa ni un solo segundo, Rafa Nadal se ha dirigido a sus seguidores -“a todos los que estáis aquí, y también a los que no están”- para agradecerles el apoyo que durante toda su carrera ha recibido de ellos, asegurándoles que “este es un recibimiento inesperado que me ha emocionado mucho” y ha reiterado que se siente "orgulloso" de su pueblo y que Mallorca "es el mejor sitio para vivir".

PRÓXIMO OBJETIVO: SER EL NÚMERO UNO DE LA ATP

Tras el acto oficial, Rafa Nadal ha comparecido ante los numerosos medios de comunicación que se han desplazado hasta Manacor en una rueda de prensa en la que ha afirmado que llegar a ser el número uno de la ATP se ha convertido “ahora ya” en un “pequeño objetivo” después de derrotar a Roger Federer y hacerse con la copa del torneo de Wimbledon.

Con respecto al cariño con el que ha sido recibido en su pueblo natal, el tenista ha asegurado que " nunca me pondría en un altar" a lo que ha añadido que seguirá "trabajando con la misma humildad y ganas que siempre".

Nadal tiene ahora la vista puesta en los máster series de Toronto (a esta última ciudad viajará en una semana y media) y Cincinnati, donde, de jugar bien, ha indicado que tendrá "buenas opciones" de llegar a número uno de la ATP.

Nadal ha reconocido que ha habido una progresión en su nivel de juego y que cada año es mejor tenista, pero ha opinado que no cree que se le exija más por haber ganado el torneo inglés.

El mallorquín ha asegurado que para conseguir ser el primero a nivel mundial debe seguir jugando "al mismo nivel que ahora", dada la calidad del juego de Roger Federer, al que ha tildado como "el mejor jugador de la historia".

"En cualquier época de la historia estaría de número uno con tranquilidad", ha añadido tras remarcar el alto nivel del tenis actual.

Ganar Wimbledon ha sido, en sus palabras, "impresionante" y "un sueño", lo mismo que el recibimiento que ha recibido de su ciudad, aunque el de Manacor ha indicado que no se considera "una persona especial", sino "bien normal".

Nadal también se ha referido a la lesión que tiene en un músculo de detrás de la rodilla, donde sufre una rotura fibrilar, y ha indicado que es un músculo con pocas funciones y que le molesta "muy poco".

mallorcadiario.com
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Le patriarche et son « tenista »

Rafael Nadal est le premier des treize petits-enfants de … don Rafael. Pour son grand-père, il est « el tenista », le tennisman. Rencontre avec le patriarche, sur les traces du phénomène.

La maison estivale des Nadal est posée sur une falaise à la roche claire. Elle surplombe la baie de Portocristo, une petite ville balnéaire des Baléares. La vue est imprenable : plage de sable blanc, eau turquoise et petite marina où les bateaux de pêcheurs se mêlent aux yachts de quelques touristes fortunés. « Et on a un accès direct à la mer, s’empresse de préciser le grand-père, don Rafael. El tenista connaît bien le chemin puisque, quand il était enfant, il descendait avec sa canne pour pêcher. Il pouvait rester assis deux, trois heures, immobile pour sortir du poisson. C’était un enfant vraiment patient. »

La terrasse fleurie de la casa est abritée par deux grands pins parasols. Le soleil cogne et, pendant que quelques touristes allemands allongés sur le sable se font rougir la peau, don Rafael regarde Rafael. Lorsqu’el tenista empoche le deuxième set bien mal engagé contre Rainer Schüttler, el abuelo (le grand-père) se décontracte, se rassure et, philosophe, lance : « Maintenant, c’est plus facile, il n’a plus qu’à remporter l’un des trois prochains sets. » Le patriarche des Nadal, d’un pas décidé, sort alors le bout de son nez pour aller s’asseoir sur la table de sa terrasse. « J’ai eu une petite alerte au cœur, il m’est donc déconseillé toute forme de stresse. Quand les matches deviennent serrés, je les enregistre, je me renseigne sur le résultat et je les regarde en différé. »

Don Rafael, soixante-dix-huit ans, est un homme au caractère bien trempé, bouillant, énergique. Les mots giclent de sa bouche avec force et conviction. Depuis deux semaines, il a pris ses quartiers d’été dans sa résidence secondaire, située à seulement 15 kilomètres de Manacor, le fief familial. « Je reste ici cinq mois et, en novembre je repars à Manacor. » Dans ses deux maisons, il est entouré de ses cinq enfants et ses treize petits-enfants. « La famille, c’est vraiment très important pour nous. On vit tous dans le même immeuble à Manacor. Et, lorsqu’on est à Portocristo, on a une tradition : le déjeuner du samedi midi. On a une table qui peut recevoir vingt-cinq personnes, soit toute la famille. »

Don Rafael : « C’est une belle histoire, du beau travail »

Bien souvent, pourtant, deux chaises restent vides, celles du tenista et d’Antonio, dit « Toni », le tonton entraîneur qui est également l’un de ses cinq enfants. Don Rafael est un homme bien connu dans la région. Non pas pour être le géniteur de Miguel Angel, l’ex-footballeur de Barcelone et de la sélection espagnole, ou le grand-père du numéro 2 du tennis mondial, mais bel et bien pour ses talents de musicien. Pianiste émérite et chef d’orchestre, il est devenu directeur de la choral de sa ville natale à seulement seize ans et à été directeur du conservatoire de Manacor pendant quarante et un ans. Le sport, donc, très peu pour lui. « C’est bien simple, j’écoute de la musique classique, des opéras, toutes la journée. Dans ma résidence principale, j’ai une pièce avec un écran géant, des enceintes surpuissantes et un bon fauteuil. Je peux resté la six heures de suite. »

Ce mélomane invétéré n’a pourtant pas encore réussi à transmettre le virus à sa descendance. Et cela ne le frustre pas. « Parce qu’aucun de mes enfants n’avait l’oreille ou le talent pour ce lancer dans la musique ou dans les arts plastiques, il faut avoir un talent inné, de la conviction et le goût du travail pour s’améliorer. Quand on a le talent, tout devient plus simple. Regardez el tenista. Lui, tout, petit, dès qu’il a touché une raquette, tout le monde a vu qu’il avait des aptitudes exceptionnelles pour ce sport. Mais il fallait qu’il soit bien entouré pour s’épanouir dans cette discipline. Et, s’il en est arrivé là aujourd’hui, c’est grâce à Antonio. Il lui doit 50% de ses résultats. Antonio est très cérébral, très pédagogue et il n’a jamais oublié la formation humaine du tenista. Et ça, franchement, ça me rend fier. C’est une belle histoire, du beau travail. »

Le patriarche sait que l’emploi du temps de son petit-fils est aujourd’hui surchargé mais, qu’importe, un jour, il le sensibilisera à la musique classique. « Je vais l’accompagner à des concerts et, même s’il n’y prend pas tout de suite goût, j’insisterai. Et je suis certain, vu sa sensibilité, qu’au bout d’une douzaine de concerts ou d’opéras il comprendra et appréciera ce monde magique. »

En attendant, don Rafael meurt d’envie de voyager à Londres et de s’installer au milieu du clan, au bord du Center Court de Wimbledon, à l’heure de la grande finale. Ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour Federer : lorsque le patriarche s’est déplacé à Séville (pour la Coupe Davis), à Barcelone ou à Roland-Garros, son petit-fils lui a toujours joué sa plus belle partition : celle de la victoire.

Portocristo – Alexandre Juillard, envoyé spécial pour le quotidien l’Equipe. Dimanche 6 juin 2008

Une journée au paradis

C’est à Arta, une petite ville située à 20 kilomètres de Manacor, que la bande de copains d’enfance de Rafael Nadal a suivi la finale.

« Ce qui est l’enfer pour toi, pour moi… c’est le paradis. » Les deux Tomeu, Mateu, Carlos ou Guillem, la garde rapprochée, la bande de Rafael Nadal, arborent ces mots sur leur poitrail, sur un tee-shirt spécialement conçu pour l’occasion. « Cette phrase est tirée de Rambo, s’amuse Tomeu Salva Vidal, partenaire de double du champion sur le circuit ATP. Ce film et ces mots en particulier lui ont toujours plu. C’est un clin d’œil, mais il faut avouer que ça lui correspond pas mal, non ? »

Ce groupe, uni comme jamais depuis presque quinze ans, s’est formé sur les bords des courts du club de tennis de Manacor. Inséparables, passionnés de petites balles jaunes, ils ne ratent que très rarement un match de leur pote. En cette journée si particulière, il s ce sont donc donnée rendez-vous dans les terres, à l’intérieur de l’île de Majorque, à une vingtaine de kilomètre de Manacor, dans la petite ville d’Arta.

Accompagnés par leurs amoureuses, leurs parents, et d’autres amis, ils se sont installés dans la salle de l’El Dorado, un bar où ils ont leurs petites habitudes. Normal, il appartient au père de Guillem, l’ex-compagnon de chambrée de Rafa lorsque les deux hommes résidaient (pendant un an) à Palma, à l’Escola Balear Esport, le tennis-étude de l’île. « Rafa, ce n’était pas le plus ordonné de tous, il était même vraiment bordélique. Notre vie était assez dure, on s’entraînait cinq heures par jour. Et puis, lui qui est très famille, et même si Toni était l’un de nos entraîneurs, ça lui arrivait d’aller passer la nuit à Manacor (à 60 kilomètres). »

Huit ans plus tard, le travail, les efforts ont donc fini par payer. Rafa, pour la troisième fois d’affilée, est en finale de Wimbledon. Pour l’occasion, Tolo, le gérant, leur à préparé quelques tapas, et Guillem, DJ à ses heures, a installé un écran géant et des platines pour mettre un peu de son et faire monter les décibels à chaque temps mort. Le match n’a pas encore débuté, mais Juan le fils du tenancier, du haut de ses huit ans, est confiant comme jamais : « Rafa aujourd’hui, il va gagner quinze à zéro ! » Ni plus, ni moins. À l’heure de l’entrée sur le Center Court, le cérémonial du Manacori, ses petits sauts et son sprint vers le fond du court, est commenté par Tomeu Salva : « Vous savez, ces petits sauts, Rafa, il les a toujours faits, c’est sa marque de fabrique. Mais cette accélération, il n’a commencé à la réalisé que quand il est devenu professionnel. » La grande finale peut débuter. À ce moment là, les rues de Manacor sont vides, comme depuis la fin de la matinée. Les habitants, étouffés par la chaleur et comme tous les dimanches d’été, sont partis se rafraîchir sur le littoral. Ils regarderont le match dans leur coin. Car cette fois-ci, la municipalité n’a pas installé d’écran géant comme lors de la finale de Roland Garros. Pour une simple raison : « Le soleil est si fort qu’on n’y verrait rien », assure Isabel Febrer, la responsable des sports de la ville.

Guillem, son pote : « Il est capable de tout »

Retour à Arta. Les minutes, les jeux défilent, la bande est concentrée sur son écran, sur le match. Chacun a son éventail, pour ce donner un peu d’air, pour respirer. Un journaliste hystérique de télévision, débarqué de Madrid, donne de la voix, motive la troupe, qui s’exécute sans broncher. Surtout lorsque leur copain prodigue empoche le premier set (6/4). « C’est bien parti, annonce Guillem. Il n’a plus que deux sets à remporter et Federer, trois. Il a pris les commandes. Rafa a changé. Il y a un an, je le sentais fatigué, pas forcément au top. Mais cette année, il réalise une énorme saison, il est plus frais, plus serein. Il est capable de tout. »

[i]Un set plus tard, le scénario se confirme, le torero espagnol donne la sensation qu’il ne peut plus rien lui arriver, qu’il est tout proche du régicide sur l’herbe de Roger Federer. « Maintenant, je me sans mieux, avoue Tomeu Salva Vidal. Parce que de mémoire Rafa n’a jamais perdu un match après avoir mené deux sets à zéro. (En fait si, à Miami 2005 face à… Federer). » L’autre Tomeu, Artigues, s’est lui aussi décontracté, même si : « Ah, il est toujours aussi impitoyable. Quand on était petits déjà, il fallais réalisé le point parfais pour espérer en gagné un. Aujourd’hui, c’est un peu pareil. Il ne lâche rien. Mais bon c’est quand même Federer. Donc méfiance, méfiance… »

La première interruption par la pluie ainsi que le réveil de Maître Roger vont pourtant changer la donne. Trois heures plus tard, les pronostiques de Tomeu se confirment. La tension est palpable dans la salle. Les uns passent leurs mains dans les cheveux, les autres se rongent les ongles, le suspens est à son comble. Dans le tie-break du quatrième set, tous pensent que Rafa a le match en mains, il mène cinq points à deux. Personnes de tient en place, personne ne peut rester assis sur sa chaise, et … patatras ! Malgré deux balles de match, le héros est embarqué dans un cinquième set de tous les dangers. La pluie revient, l’air devient irrespirable, les potes ce lèvent, sortent du bar et attendent, attendent sans jamais cesser d’y croire. Comme Mateu : « On est tellement habitués à ce qu’il gagne. Je n’ai pas le souvenir de l’avoir vu battu dans un sport. Au ping-pong, on y jouait tous les jours, il se mettait toujours deux mètres derrière la table, défendait comme un fou et nous martyrisait avec son coup droit. Il tapait tellement fort qu’il en cassait les filets. Au golf, il est intouchable. Il a un mentale d’enfer, vous allez voir à son retour sur le court… il lâchera rien. »

Ses copains connaissent bien leur Rambo. Et avec lui, hier, après 4 h 48 d’une intense bataille, d’un match épique, ils ont une nouvelle fois partagé un petit coin de son paradis.

Arta – Alexandre Juillard, envoyé spécial pour le quotidien l’Equipe. Lundi 7 juillet 2008

Majorque attend son héros

Rafael nadal devait arriver tard hier soir aux baléares. Les festivités ne commenceront pas sans lui.

On l’attendait vers 21 heures. On l’espérait à 22 heures. Hier soir, à 23 heures, Rafael Nadal n’avait toujours pas posé le pied sur ses terres. Obligé d’aller se décommander sur place à Stuttgart (tournoi dont il est tenant du titre), puis faire un crochet à Barcelone, le vainqueur de Wimbledon ne goûtera aux festivités prévues pour lui qu’aujourd’hui (hier).

Etrange ballet, hier dans les couloirs de l’aéroport de Palma de Majorque. Pas de trace de Rafael Nadal. Pas de comité d’accueil. A la place, des groupes de touristes allemands, néerlandais ou anglais débarquant sur l’île espagnole pour ce dorer la pilule au soleil. Le héros, lui, a passé sa journée, chargée, la tête dans les nuages. Parti de Londres en fin de matinée, il s’est envolé vers Stuttgart pour annoncer de vive voix aux organisateurs son forfait pour le tournoi, avant de mettre le cap sur Barcelone pour quelques obligations professionnelles. Ensuite, direction Palma. Le champion de Wimbledon devait arriver sur ses terres, hier soir, à 23 h 35 en provenance de la ville catalane. Sauf changement de programme de dernière minute ou d’arrivée en catimini à bord d’un jet privé.

A quelques 60 kilomètres de là, dans son fief de Manacor, la journée avait été plutôt douce. Le soir de la finale ; les rues sont restées calmes et hier matin, comme tout les lundis, le marché a pris place dans les petites artères de la ville. Sur les stands, dans les vitrines, pas d’écriteau, pas de mots de félicitation no d’hommage à la gloire de leur champion. Manacor a le succès modeste. « On aurait bien aimé organiser quelque chose, avoue Isabel Febrer, la chargée des sports de la municipalité, mais vu l’agenda serré de Rafa et son heure approximative d’arrivée, on a préféré remettre ça à Mardi (hier). En plus, un conseil municipal était prévu de longue date et l’opposition n’a pas voulu le déplacer. » Antonio Pastor, le maire de la ville, n’a donc pas pu recevoir, à Palma, son illustre citoyen. Il y a tout de même dépêché deux employés municipaux. Pour la forme, pour le protocole. La famille Nadal, elle, a passé une bonne partie de la journée dans sa maison de Portocristo avec certainement le besoin de souffler, d’atterrir après un dimanche heureux mais ô combien dur pour les nerfs. D’ailleurs, vers minuits dimanche soir, le tonton footballeur, Miguel Angel, accompagné de sa petite famille est descendu de sa falaise pour trinquer à la santé de son neveu, dans l’anonymat, sur une terrasse déserte de Portocristo, en bort de mer. Un peu plus loin, à une centaine de mètres , la bande à Rafa à elle aussi tenu à marqué le coup dans un bar où elle a ses petites habitudes.

Quatre Rafael Nadal à Manacor

Hier matin (avant-hier), quelques heures après les faits, et une nuit évidemment courte, la vie a portant repris son cours. A 9 heures pétantes, Tomeu Artigues, un membre de la garde rapprochée du n°2 mondial commençait sa journée de classe sur les courts du Tennis Club de Manacor. Il n’a pas quitté son tee-shirt de la veille (avant-veille), celui sur lequel est inscrit la phrase de Rambo : « Ce qui est l’enfer pour toi… pour moi c’est le paradis. » « J’ai décidé de la garder aujourd’hui parce que, quand même, le Rafa, il nous a fait passer un moment extraordinaire. » Le téléphone de Tomeu vibre, sonne et ne lui laisse pas une minute de répit. « Ce sont les copains, s’excuse-t-il. On essaie de mettre en place quelque chose, d’organiser un repas, une petite fête pour Rafa. Fatigué, Rafa ? Non, pas quand il gagne. La victoire a plutôt tendance à le stimuler. Si ce n’est pas ce soir (hier soir), ce sera un autre jour car il doit passé quelques jours ici près de nous. Il ne va pas repartir tout de suite sur le circuit, donc on va bien trouver un moment pour ce voir. »

A 11 heures, Miguel Angel et Rafael, les deux petits cousins du champion, arrivent au Tennis Club de Manacor pour prendre leur leçon avec… Tomeu. Comme si de rien n’était. Il est important de préciser pour ne pas s’emmêler les pinceaux qu’à Manacor comme beaucoup de famille en Espagne, le fils aîné prend le prénom de son père. Ainsi il existe pas moins de quatre Rafael Nadal à Manacor : le grand-père, l’oncle, le « tenista » et le 1er fils de l’oncle. Mais bon, les regards, les cameras et l’attention ont tendances à se focaliser sur le tennisman. Surtout par les temps qui courent. Les choses sérieuses, les hommages, les cérémonies doivent commencer aujourd’hui. Le maire de Manacor a tout prévu : hier (avant-hier), il a fait floquer une centaine de tee-shirt à l’effigie de Rafa. Ils devraient être distribués en début de journée aux Manacori, juste avant que Rafa exhibe son visage et son trophée devant eux sur une scène ou sur le balcon de la ville. Ensuite, le héros, va déconnecter quelques jours. Il mènera pendant ce laps de temps cette vie qui lui manque tant : « Lorsqu’il séjourne ici, Rafa passe ses journées avec sa copine, qu’il ne voit pas bien souvent et ensuite il partage son temps entre la famille et les potes, confie Tomeu. Il trouvera bien un moment également pour aller pêcher ou jouer au golf. » Ce sera l’heure du repos pour le guerrier.

Manacor – Alexandre Juillard, envoyé spécial pour le quotidien l’Equipe. Mardi 8 juillet 2008