Tatiana Golovin et Paul-Henri Mathieu : « Aucun Français n’est capable de gagner »Publié le lundi 23 mai 2011 à 17H45
Tatiana Golovin et Paul-Henri Mathieu
Tatiana, c’est votre troisième Roland Garros avec France Télévisions. Etre consultante à plein temps, est-ce une reconversion envisageable ? Et pour vous Paul-Henri Mathieu ?Tatiana Golovin : Une reconversion, je ne sais pas. Mais c’est vrai que ça me plaît année après année. La première fois, comme pour Paulo, c’était assez difficile. J’ai pris du temps pour digérer tout ça et venir sans avoir la boule à la gorge. J’en profite beaucoup plus.
PHM : Dans ma tête, je suis toujours en pleine carrière. Je suis passionné de tennis depuis tout petit, donc je veux y garder un pied. Mais faire ça à plein temps, non, je ne pense pas. Là, c’est une sensation bizarre d’être là, sans jouer. Mais on connaît bien les joueurs et ce qu’ils peuvent ressentir. C’est bien de faire partager ça à tout le monde.
Vous reverra-t-on prochainement sur un court de tennis ? Tatiana, vous n’avez jamais annoncé officiellement la fin de votre carrière…TG : (Rires) Ce n’est pas dans un futur proche en tout cas ! Je ne sais pas ce qu’il peut se passer à l’avenir. Pour l’instant, je ne peux pas jouer, mais je n’ai pas envie de me prononcer trop tôt. Au fond de moi, je suis toujours une joueuse de tennis.
PHM : Moi, j’espère vite rejouer et l’an prochain, être sur le terrain et non pas consultant ! Mais c’est difficile de donner une date de retour. J’ai quelques mois de rééducation à venir, je viens à peine d’enlever le plâtre et les béquilles. J’espère disputer quelques matchs en fin d’année, mais avant l’US Open (en septembre), ce ne sera pas possible.
Le grand favori de Roland Garros selon vous, est-ce Nadal ou Djokovic qui semble invincible cette saison ?PHM : Le seul favori, c’est Nadal. Il a quand même gagné cinq fois ici. Ce serait insensé de dire qu’il ne l’est pas, même s’il a perdu deux fois dernièrement contre « Djoko ». Ce sont eux qui dominent le tennis depuis six mois. Djokovic, il a franchi un cap d’une manière incroyable en si peu de temps.
Est-il surhumain en ce moment ?T.G : Il est beaucoup trop tôt pour le dire. Six mois, ça paraît long, mais regardez Federer et Nadal, eux ce sont des monstres. Ils sont présents depuis tellement d’années… Djokovic, ce n’est que le début. Il faudra qu’il confirme.
PHM : On en parle beaucoup car sa série est exceptionnelle. Mais il va perdre à un moment et tout va ensuite très vite. On parlera de perte de confiance, etc.
Et Roger Federer alors ? A-t-il encore les moyens de remporter un dix-septième titre du Grand Chelem ou est-il définitivement sur le déclin ?PHM : Il reste troisième mondial. C’est difficile de l’enterrer. Peut-être qu’il aura du mal à redevenir numéro un car il y a Nadal et Djokovic, mais un tel joueur est capable de gagner un Grand Chelem n’importe quand.
TG : Ils sont trois à être au-dessus du lot. En début d’année, Nadal n’était pas très bien par exemple. S’il l’un des deux n’est pas bien, Federer va en profiter. Même si la terre battue n’est pas sa surface préférée, Wimbledon arrive. Là-bas, ce sera lui le favori.
Personne ne peut contester ce trio ?PHM : Personne.
TG Les résultats parlent pour eux-mêmes.
PHM : On ne s’en rend pas vraiment compte, mais on vit une période exceptionnelle avec ces trois joueurs. C’est fabuleux.
Un Français peut-il créer la surprise ?PHM : Aujourd’hui, il faut être réaliste. Aucun Français n’est capable de gagner Roland Garros. Tout le monde attend un successeur à Yannick Noah, mais la concurrence est très forte. Pour gagner, il faut battre deux des trois premiers. C’est extrêmement difficile. Mais un Français en deuxième semaine, voire en quart ou demi, c’est possible.
Lequel ?PHM : Il a un tableau difficile, mais je voyais bien Richard aller jusqu’en quart. On n’en parle pas trop, mais malheureusement il jouerait Djokovic en huitièmes de finale. Avec Gaël (Monfils), c’est toujours l’inconnu.
TG : J’aurais parié sur Richard également, mais Gaël, ici, joue toujours mieux avec cette ambiance et ce public. Cela dit, c’est Gilles (Simon) qui a réalisé le meilleur début de saison.
La pression de Roland Garros inhibe-t-elle certains Français ?PHM : Quand on est joueur, on ne s’en rend pas vraiment compte. On est dans notre bulle et on ne prend pas le recul nécessaire non plus. C’est une chance extraordinaire de jouer ce tournoi. La pression, oui, on en a plus, mais on arrive en général à la gérer. Ici, c’est un rêve de gosse. Depuis tout petit, je veux gagner Roland Garros.
Dans le tableau féminin, aucune favorite ne se dégage…TG : Comme toutes les années. Peut-être Wozniacki, la plus régulière. Mais Sharapova a le plus de potentiel, et Clijsters doit être en forme, mais on ne connaît pas son niveau actuel. La victoire de Schiavone l’an dernier a motivé toutes les filles.
PHM : C’est beaucoup plus ouvert. On a du mal à s’identifier à une joueuse. Les Williams par exemple (qui ne sont pas là cette année) ne jouent que trois semaines par an et gagnent à chaque fois. Mais ce serait bien que Sharapova s’impose. Elle est passée par des périodes difficiles.
Aucune Française ne peut rivaliser ?PHM : On parle quand même de gagnante…
TG : Dans le tennis féminin, ce qu’il manque, c’est une personnalité.
PHM : Et un peu de constance aussi. Les Clijsters et les Williams sont au-dessus mais ne jouent quasiment plus. Il n’y a plus de grands duels.
Le Tennis Club, sur France 4 tous les matins jusqu’au 5 juin dès 10h
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