La descente aux enfers de Martin VerkerkLe lundi 17 mars 2008
La Presse
Dans une autre vie, Martin Verkerk était une idole dans son pays d'origine, les Pays-Bas. Il avait atteint la finale de Roland-Garros, en 2003. Comme tous les membres du top 15, il gagnait des centaines de milliers de dollars par année. C'était avant sa descente aux enfers.Deux opérations à l'épaule et une mononucléose plus tard, le Néerlandais ne fait plus partie de l'élite du tennis mondial. Avant sa victoire hier au Futures de Montréal, il croupissait au 674e rang mondial. Son classement actuel est le résultat d'une série d'ennuis de santé, mais aussi d'une fiche d'aucune victoire et 12 défaites en 2007.
À 29 ans, Verkerk aurait pu tout abandonner après une année aussi désastreuse. «Ce fut très difficile mentalement, dit Verkerk en entrevue à La Presse. J'ai commencé à douter, à me demander si j'aimais toujours le tennis. J'ai alors réalisé que je perdais l'an dernier parce que je n'étais pas en forme. Je ne pouvais pas servir comme j'en étais capable en raison de mes douleurs à l'épaule. J'avais aussi quelques livres en trop»
Verkerk prend alors le chemin de la Floride, où il tente de sauver sa carrière une dernière fois.
«J'ai travaillé très fort de novembre à février en Floride afin de me refaire une condition physique, dit-il. J'ai aussi décidé de ne pas jouer les gros tournois de l'ATP cette année et de me concentrer plutôt sur les Futures et les Challengers afin de jouer plus de matchs. De toute façon, la vie sur le circuit de l'ATP n'est pas si incroyable que ça. Les gars du top 20 font la belle vie, mais les autres sont toujours en train de voyager dans des villes qu'ils n'aiment pas nécessairement.»
Roland-GarrosS'il ne s'ennuie pas de son ancienne vie, il ne passe pas une journée sans que Verkerk ne se rappelle le plus beau tournoi de sa vie: Roland-Garros 2003, où il avait atteint la finale, à la surprise générale. «J'y pense tous les jours, dit-il. Ce furent deux semaines incroyables. J'ai battu des joueurs comme Carlos Moya et Guillermo Coria afin de me rendre en finale. J'aimerais toutefois pouvoir rejouer la finale contre Ferrero, que j'ai perdue en trois manches»
Verkerk n'a pu répéter ses exploits à Roland-Garros l'année suivante, mais il deviendra le deuxième Néerlandais à remporter l'Open des Pays-Bas en juillet 2004. Une victoire qui en a fait un héros dans son pays d'origine, mais qui fut lourde de conséquences pour la suite de sa carrière. «Je me suis blessé à l'épaule lors de la dernière manche de la finale contre Fernando Gonzalez, dit-il. Dans un match de première ronde, j'aurais arrêté immédiatement. Mais j'étais en finale devant mes partisans et j'avais la chance de gagner un tournoi de l'ATP dans mon pays. J'ai donc décidé de continuer.»
Sa descente aux enfers commencera ce jour-là. Les médecins ont beau le rassurer, son épaule le fait souffrir énormément. Au tournoi suivant, il est contraint d'abandonner à son deuxième match. Il devra finalement subir deux opérations à l'épaule. Quand il est enfin prêt à revenir au jeu en mars 2005, il est terrassé par une mononucléose. Sa convalescence durera jusqu'en septembre 2006.
«J'ai pensé à abandonner le tennis au moins cinq ou six fois durant cette période, dit Verkerk. J'aurais eu plusieurs bonnes raisons de prendre ma retraite, mais j'aimais encore le tennis et je croyais pouvoir gagner à nouveau.»
Sa patience sera mise à l'épreuve en 2007, alors qu'il ne parviendra pas à gagner un seul match en 12 tournois. Heureusement, l'année 2008 s'annonce plus prometteuse. Hier, Verkerk a remporté le Futures de Montréal en défaisant en finale le Roumain Florin Mergea, 548e au monde, en trois manches de 6-7 [8], 7-6 (9) et 6-4. Il s'agit de son premier titre depuis sa victoire à l'Open des Pays-Bas, en juillet 2004.
Confiance retrouvée?Avec cette victoire, Martin Verkerk espère avoir enfin retrouvé sa confiance. Mais en vétéran aguerri, il refuse toujours de jeter un oeil sur le classement mondial. Quand pense-t-il être de retour au sein du top 100? Du top 50? Du top 15? Autant de questions qui n'intéressent pas Martin Verkerk.
«Je ne pense jamais à mon classement, dit-il. De toute façon, j'ai déjà été 14e au monde. Je sais fort bien que ce sera mon meilleur classement à vie.»
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