Open de Moselle > Quelques mots avec Younes el AynaouiPar Vincent Esse, mercredi 22 septembre 2010 à 19:00
Younes el Aynaoui, ancien numéro 14 mondial en 2003, quart de finaliste à Melbourne et New York, est toute la semaine à l'Open de Moselle pour soutenir l'ARSLA, Association pour la Recherche sur la Sclérose Latérale Amyotrophique. Avec Younes, on parle famille, voyages, tennis marocain et Ivanisevic. Au fait, pour cey Open, Younes vote Monfils !
Alors Younes, que fais-tu depuis que tu as rangé les raquettes ?"Officiellement, je suis conseiller du ministre des sports marocain, mais j'en profite surtout pour passer plus de temps avec la famille et les enfants, faire tout ce que je faisais moins étant joueur. Ceci dit je m'entraîne encore et participe à quelques tournois sur le Senior Tour".
Je rebondis sur ce que tu as dis à propos du fait que tu prends le temps de faire des choses que tu n'avais pas le temps de faire avant : est-ce que tu retournes dans les villes où tu as disputé des tournois ?"Oui ça m'arrive, mais par contre je pratique plutôt les voyages en voiture, l'avion me rappelle la routine aéroport-hôtel qui n'est pas franchement ce qu'il y a de plus sympa sur le circuit. Donc je ne vais jamais trop loin de chez moi, ceci dit j'étais quand même à New York, c'était agréable de retourner dans cette ville sans le stress du tournoi".
Peux-tu nous parler de l'ARSLA ?"C'est une maladie incurable neurodégénérative qui touche aussi bien les enfants que les adultes. Un jeune tennisman nancéien que je suivais est tombé malade, ça m'a beaucoup touché, tu ne peux pas être indifférent à ce genre de drames. Je viens ici pour faire de la sensibilisation et récolter des fonds avec une tombola".
Les analystes du tennis actuel sont partagés entre deux opinions : soit on a, avec Federer et Nadal, qui trustent pas mal de Grands Chelems, le meilleur top 2 depuis longtemps ; soit on a le pire top 10 depuis longtemps ! Qu'en penses-tu ?"Il y a quelques années, le top 10 était installé, avec des joueurs difficiles à déloger, maintenant il y a beaucoup de mouvement. Je trouve que ça rajoute du piment, à part Federer et Nadal il y a des places à prendre, même si Murray et Djokovic sont solides aussi. Le tennis actuel est plus homogène, je pense, peut-être parce que les joueurs sont plus impressionnables".
A l'époque, quels étaient tes potes sur le circuit ?"On se retrouvait souvent avec Goran (Ivanisevic), Marat (Safin), Marc Rosset, Zabaleta, c'était les copains. Mais attention, la nouvelle génération est super aussi, j'ai joué contre Nadal et Federer, ils sont sympas et accessibles".
Est-ce que tu peux nous dire sur l'état actuel du tennis marocain, vous avez Reda el Amrani qui s'est distingué à Casablanca, y'a-t-il d'autres joueurs qui se comportent bien ?"Je ne vais pas mentir, la relève tarde un peu, il y a toujours un vide après une bonne génération je pense et notre fédé n'a pas profité des performances de ma génération. On avait quand même trois joueurs dans le top 50, Hicham (Arazi), Karim (Alami) et moi-même. Là on est au plus bas en Coupe Davis, notre numéro est dans le top 200 seulement. Mais je pense qu'il faut surtout retenir le côté exceptionnel, peut-être unique, d'il y a quelques années".
As-tu eu l'occasion de voir des matches depuis que tu es arrivé ?"Oui, bien sûr, je prendrai toujours du plaisir à regarder les matches, ça ne me quittera jamais, j'ai vu Kohlschreiber, les adieux d'Ascione. Attention à Philipp".
Sur qui mettrais-tu une pièce pour gagner le tournoi ?"Monfils, clairement. C'est le champion en titre, devant son public, pour un joueur charismatique comme lui, ça compte ! Ceci dit attention à Richard et aux Croates (Cilic et Ljubicic, ndlr)".
Propos recueillis par Vincent Esse, aux Arènes de Metz.
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Le cadeau El AynaouiYounes El Aynaoui a dû serrer le jeu pour venir à bout du Marlien Gautier Stauffer (7-6, 6-3). «J’appréhendais un peu ce match», sourira après coup l’ancien pro marocain qui n’avait pas disputé de rencontre officielle depuis janvier 2010 et le tournoi de Doha. Photo Antoine CHAREYRE
Résidant aujourd’hui à Nancy, l’ex numéro quatorze mondial a accepté de donner un coup de main gracieusement au TC Nancy Forêt de Haye. En toute simplicité.Nancy. Hier matin à la Forêt de Haye. Sur une des portes d’entrée du club, une affiche annonce l’événement : 30 janvier 2011, premier match de Younes El Aynaoui avec le TC Nancy Forêt de Haye. Licencié depuis quelques semaines avec le club nancéien où jouait il y a quelques années son épouse Anne-Sophie et où il tape encore la balle de temps en temps depuis qu’il est venu s’installer dans l’agglomération nancéienne avec sa femme et ses trois garçons, le Marocain avait promis qu’il donnerait un coup de main s’il le pouvait ,lors des matches à domicile. Promesse tenue. Hier, l’ancien numéro quatorze mondial (en novembre 2003) était sur le pont à la fraîche pour un simple match de championnat régional d’hiver par équipes. Pas banal.
Et en le voyant taper la balle face au Marlien Gautier Stauffer (0) dans une salle où la température faisait davantage penser à un congélateur qu’à une enceinte sportive, les quelques dizaines de spectateurs présents pour l’événement se sont peut-être demandé combien d’anciens pensionnaires du Top 20 mondial auraient accepté de jouer avec un thermomètre aussi bas. Surtout pour zéro euro. «Le club m’avait proposé une participation financière», expliquait le joueur hier au bar du TCNFH, «mais dans sa situation financière, je lui ai dit qu’il valait mieux que cet argent soit utilisé pour d’autres actions. Je fais ça pour le plaisir. Si ma présence peut aider le club à se relancer un peu, tant mieux. Le fait qu’il y ait un peu de monde, que mes enfants et ma femme soient là, c’est super».
«Pour nous, c’est inespéré»Un plaisir simple qui finalement, colle assez bien au personnage. Très loin de l’image de la star capricieuse... «Pour nous, c’est inespéré» admet Philippe Gannevat, le directeur sportif du club nancéien, «avec la carte de visite qu’il a, il pourrait avoir des exigences, mais ce n’est pas le cas... Il est disponible, c’est fantastique.»
Et forcément du pain bénit pour le club nancéien qui espère que ce renfort tombé du ciel permettra au TCNFH de gagner des licences mais aussi de remonter en Nationale 3. Le Marocain essaiera d’être présent aussi souvent qu’il le peut même s’il devra jongler avec un emploi du temps chargé entre ses actions au Maroc où il œuvre pour développer le tennis, les exhibitions... «Mais dès que je pourrai, je jouerai.», prévient-il.
C’était le cas hier. Et forcément, l’événement avait attiré un peu de monde. Des gens du club, des amis, quelques professeurs d’EPS... marocains en stage d’observation actuellement en Lorraine, sans oublier Charles, ce jeune homme touché par la maladie de Charcot que Younes El Aynaoui a pris sous son aile...
Pour son premier match officiel depuis janvier 2010 et le tournoi ATP de Doha, Younes El Aynaoui a dû serrer le jeu pour s’imposer (7-6, 6-3) mais il a fait preuve de l’application nécessaire pour ne pas être trop inquiété. «J’appréhendais un peu ce match» souriait le Marocain au bar du club après le match, «on peut se dire ‘’le gars, il a joué sur le central de Roland-Garros et de Wimbledon, et qu’il va gagner sans problème’’, mais ce n’est pas comme ça que ça fonctionne au tennis. Il faut être tout le temps vigilant.».
Quelques minutes plus tard, Younes El Aynaoui se lève. Il est 13h passées, c’est l’heure du déjeuner. L’ancien pro va chercher des assiettes au bar et fait le service à table avec le sourire. En toute simplicité...
Anthony GUILLE
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