Interview de Carla Suarez NavarroDimanche 1 juin 2008
Q. C'est votre premier tournoi du Grand Chelem, vous atteignez les quarts de finale, et il semble que vous ne ressentiez aucune pression.R. Ce qu'on appelle la pression, enfin... J'ai toujours une pression, parce que la tension sur un joueur existe toujours. Ce qui existe en vérité, c'est que j'ai su faire face correctement et je suis très contente, parce que face à de telles situations, j'ai su bien répondre.
Q. Comment vous sentez-vous physiquement, parce que c'est votre septième victoire d'affilée, votre septième match ?R. Pour le moment, plutôt bien. Au premier set de ce match, j'ai ressenti mes muscles un petit peu plus fatigués, mais c'était surtout la tension, ça n'avait rien à voir avec la fatigue accumulée au cours des matches. Je crois que je suis à 100 %, et j'espère être de même pour le match suivant.
Q. Le matin, quand vous vous levez, que faites-vous, vous vous reposez ?
R. Non, je pense la même chose que tous les matins, je fais tout pareil ! Tous les matins, c’est pareil, je ne change absolument rien, et surtout, avant d'arriver au club, j'essaie d'être la plus détendue possible, parce que dès que je rentre dans cet environnement, je commence à me sentir un petit peu nerveuse, j'ai un peu des papillons dans le ventre.
Q. Pouvez-vous nous parler un peu plus de vous, de votre entraînement à Barcelone ?R. Cela fait à peine une petite année que j'ai fait le changement à Barcelone, c'était en juin l'an dernier. Je crois que le changement a été très bon. Je suis très à l'aise à Barcelone, je ne dois absolument pas oublier les gens qui m'ont beaucoup aidée sur l’Ile de la grande Canarie, pour que je puisse arriver à être ici. Je suis très contente.
Q. Aranxta SANCHEZ VICARIO vous aide ou pas ?R. Non, pas du tout, elle est ici, à Roland Garros, elle me donne du courage, mais du point de vue technique, rien du tout, c'est toujours avec mon entraîneur de Barcelone.
Q. Qui est votre joueuse favorite, avez-vous un modèle ?R. Je regardais beaucoup Steffi GRAF et Lleyton Hewitt. J'ai pu voir Lleyton hier, j'aime beaucoup le regarder jouer. J'ai aussi beaucoup regardé Justine Henin. C'est bien dommage qu'elle ait arrêté de jouer. Je pense que je vais plutôt faire attention à moi, maintenant !
(Rires.)
Q. Est-ce difficile d'apprendre à jouer au tennis aux Canaries ? Est-ce qu’être aux Canaries complique la vie d'un joueur professionnel, notamment à cause des voyages ? Est-ce différent de si vous étiez née en Espagne ?R. (Rire !) C'est vrai que quand on vit sur l’Ile de la Grande Canarie, cela nécessite de faire un voyage de plus, pour partir de là, il faut toujours prendre l'avion, c'est comme ça ! Mais nous avons une température qui permet de jouer à l'air libre tous les jours de l'année, ce qui est différent sur la péninsule où il y a toujours un moment de l'année où l’on a très froid. Moi particulièrement, j'ai très froid, je ne m'y suis pas encore habituée ! Je crois que c’est pareil, tant sur l’Ile de la Grande Canarie ou sur la péninsule, on peut avancer énormément. Mais c'est vrai que dans les îles, en fin de compte, on est un peu limité, et finalement, les gens vont ailleurs.
Q. Vous pensez au prochain tour, ou vous voulez simplement vivre ce moment que vous vivez actuellement ?R. A vrai dire, après avoir fini le match, j'ai pris un grand plaisir sur le moment, mais d'ici à quelques heures, je vais commencer à penser au match suivant, pour le tour suivant.
Q. On a tout de suite constaté que Pennetta était très nerveuse, car elle était sans doute censée gagner ce match. Pensez-vous qu'elle a bien joué, ou moins bien joué que d'habitude ?R. Je pensais que le match allait être probablement un peu plus difficile mais je pense qu'au début du match, nous étions toutes les deux très tendues, en tout cas je l’étais. Quand j'ai gagné le premier set, j'ai pu me détendre un peu, mais elle, au deuxième set, a commencé à lancer un peu en dehors. J'étais beaucoup plus tranquille pour jouer plus détendue.
Q. Tu as commencé à jouer avec un revers à une main parce que tu joues ainsi depuis que tu es petite fille, ou parce tu as vu quelqu'un à la télé ? Maintenant, dans les écoles, on apprend à jouer avec un revers à deux mains.R. La première fois qu'on m'a donné une raquette et une balle, j'ai fait hop, et ça y était ! J'ai continué ainsi, on m'a corrigée, et je voyais qu'avec une main, cela marchait bien... Probablement que mes entraîneurs voyaient la même chose, et du coup j'ai continué à jouer ainsi.
Q. Ici tu es passée aux qualifications, avant tu n'étais pas très connue, mais tu avais eu quelques bons résultats en Fed Cup, explique-moi ce que tu as fait ?R. J'ai dit hier que les opportunités se présentaient les unes derrière les autres, et je crois que j'en profite pas mal. Les matches des qualifications, il y en a eu un qui m’a coûtée. Si je n'avais pas lutté durant deux jeux en plus, je ne serais pas là aujourd’hui. C'est vrai que les gens commencent maintenant à me connaître davantage, mais, je ne vais pas en rester là. Je vais continuer pour voir jusqu'où je peux aller.
Q. Le match est donc fini, et quand tu as lancé la balle en l'air, quelle a été la sensation ? Tu penses que tu vas gagner tout le monde, ou… c'est quoi finalement ?R. A ce moment-là, je ne pensais à personne, je pensais simplement à la victoire que j'avais remportée, j'étais très contente, je regardais beaucoup mon entraîneur, ma mère, tous ceux qui avaient été derrière moi pour me soutenir au cours de ce match. Je crois que pour le match suivant, je dois être très concentrée. C'est vrai que puisque je suis là, je peux avoir mes chances.
Q. Tu parles de Justine Henin comme de l’une de tes favorites. Y a-t-il quelque chose dans ton jeu qui t’a été inspiré par elle, que tu as essayé de copier ?R. Oui, il y a quelque chose qu'elle a et qu'il faut que j'améliore énormément, c'est la vitesse et le jeu de jambes. C'est vrai qu'elle joue le revers à une main, moi aussi, mais surtout, ce que j'aime en elle, et c'est ce que je remarquais le plus, c'était ses jambes. Je crois que certains de ses matches qui ont été enregistrés me serviront beaucoup pour améliorer mon jeu de jambes.
Q. Au niveau technique nationale, entre Aranxta ou Conchita, de qui te sens-tu le plus près ?R. Il faut que je me mouille...!! Quand Aranxta a gagné ici son premier Grand Chelem, j'avais à peine un an ! J'ai vu des matches d'elle, j'ai vu comment elle jouait.. Aranxta ou Conchita, je ne saurais pas te dire si je préfère l’une ou l'autre !
Les deux ont été de grandes joueuses. Au niveau national, pour en citer une, c’est Marta Marrero qui, lorsqu’elle a fait les quarts de finale ici, j'aimais bien regarder ses matches. Ce n’est pas simplement parce que c'était une joueuse Canarienne, mais forcément je me sentais plus proche d'elle que d'Aranxta et Conchita.
Q. Pour les quarts de finale, il y a Jankovic et Radwanska. A priori, Jankovic est en train de gagner. Tu connais les deux ?
R. Mon entraîneur est en train de les regarder en ce moment, mais je n'ai jamais joué ni l'une ni l'autre. Je pense que je ne dois pas forcément faire attention à elles maintenant, mais plutôt à moi, et faire les choses bien quand je serai sur le terrain.
Si je suis détendue, si je me sens bien, comme je l’ai dis auparavant, je peux avoir mes chances.
Q. Sur Chatrier, puis sur Lenglen, deuxième semaine à Roland Garros, c'est formidable ! Qu'est-ce que cela signifie ? Une préférence ?
R. Je ne sais pas, j'aime beaucoup cette ambiance, on voit ici que les gens vivent le tennis, particulièrement ceux avec qui on prend le petit déjeuner, on déjeune, on dîne tous les jours.
Tous sont là pour la même chose, jouer sur les deux courts principaux, le Lenglen et le Chatrier, c'est formidable.
J'ai réagi assez bien sur les deux courts, et finalement, cela m'est égal, jouer sur l'un ou l'autre, cela m'est égal.
Q. Tu dis être détendue, libérée, c'est vraiment l'impression que tu donnes, on a l'impression de te voir très spontanée...R. Si je n'étais pas détendue ici...
Q. Je veux dire sur le court !R. Ah, sur le court... Si je montre à mon adversaire que je suis très nerveuse ou très fatiguée, je suis déjà en train de lui donner un avantage, il faut donc que je montre toujours que je suis bien, détendue, et capable de faire n'importe quoi.
Q. Carla, je voudrais savoir ce qu’on t’a dit de plus joli au cours de ces derniers jours, peux-tu le résumer, qui te l’a dit, qu'est-ce qui t’a semblé le plus joli ?R. On m'a dit plusieurs choses, et venant de plusieurs personnes... Je pense qu'il n'y a rien en particulier à souligner, je suis très redevable à ceux qui me disent quelque chose, et quand on me dit quelque chose, ça veut dire que je suis sur la bonne voie.
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