A la découverte de... Sloane Stephenssamedi 21 mai 2011 par Benjamin Adler
Sourire et flot verbal vont de pair chez Sloane Stephens. Aux Etats-Unis, la qualifiée pour le tableau Simple dames est encore mineure, dix-huit bougies sur le dernier gâteau d'anniversaire oblige. Mais si l'âge était relatif au charisme, la Floridienne serait majeure. Comme le statut du premier grand tournoi qu'elle s'apprête à disputer. Et ça tombe bien, Roland-Garros est son préféré.''Les Américaines n'aiment pas la terre battue en général. Mais moi non, j'aime bien. Et puis ici, je dois partager mes bons moments avec des plus mauvais et ça marque'', nous explique Sloane. Un exemple : ''c'est le bal de fin d'année du lycée en ce moment et ça me brise le cœur de le manquer. Je passe à côté de tellement de moments mémorables, mais bon je suppose que plus je les rate, mieux c'est pour ma carrière.''
Patience rime avec confianceLe décès il y a deux ans d'un père absent jusqu'à ses 13 ans a donné encore plus de saveur à chaque moment familial. ''Je rate les matchs de baseball de mon frère, ça me rend triste mais je dois faire avec'', avoue l'adversaire d'Elena Baltacha au premier tour.
Ancienne pensionnaire de l'Evert Academy, la protégée de l'ex-pro Roger Smith, spécialiste de double comme son élève (Sloane compte trois victoires en Grand Chelem chez les juniors), arbore la fraîcheur de la débutante. Sur et en dehors des courts. A la voir se prêter au jeu médiatique avec humour, répartie et aisance, on se dit même que Sloane serait aussi à l'aise sur une scène en stand-up qu'à frapper puissamment ses revers à deux mains sur la brique pilée parisienne.
Elle assène ses véritésMais la confiance n'est pas ennemie de la lucidité chez cette fan de Kim Clijsters et des sœurs Williams. La Belge a récemment eu des mots flatteurs envers la 138e joueuse mondiale, l'intéressée, elle, ne parle que de patience et de travail.
''Capitaliser sur mon potentiel peut prendre du temps, mais ça viendra. La pression est forte sur mes épaules, il y a des attentes autour de moi mais aussi autour des autres jeunes joueuses américaines. Aujourd'hui personne ne croit vraiment en nous, on le sait. Et je sais aussi que quand je commencerai à avoir des résultats, les mêmes diront qu'ils me soutiennent depuis le début et qu'ils le savaient.'' Sous le regard de sa tante, ''mon porte bonheur car depuis qu'elle est avec moi en Europe, je ne perds plus'', s'amuse-t-elle, Sloane profite de la tribune pour asséner ses vérités.
''Je suis en mission''''Je suis en mission mais toutes mes autres copines aussi, car nous devons répondre aux critiques. Aux Etats-Unis, personne ne croit en nous, on a même mis en cause notre éthique de travail et à entendre certains, il n'y a aucun espoir à moyen terme pour le tennis féminin professionnel.'' Le message est passé, sans jamais se dépareiller du sourire scotché sur un visage mâtiné de bonheur.
''Mais je suis super heureuse'', lance-t-elle avec le rire de la conviction. Vainqueur du ''50 000 dollars'' de Reggio Emilia le 15 mai, elle récolte les fruits de sa ''semaine de travail super intensive à Barcelone avec Francis Roig (un des entraîneurs de Rafael Nadal, ndlr) début mai''. Stephens joue chez les grandes désormais. Mais ''une chose est sûre je serai quoiqu'il en soit chez moi le 4 juillet pour vivre la fête nationale en famille''. En attendant, elle se contentera d'aller diner avec sa tante et sa mère à Paris. Avec une pensée pour son père, comme tous les jours depuis septembre 2009.
Source