Interview de Robby Ginepri- 7e jour : samedi 31 mai 2008 -
Q. Au dernier jeu, trois balles de break… Vous vous êtes mis à sourire après avoir laissé passer ce smash, en vous disant que vous alliez avoir le prochain ? R. Non, on ne donne jamais rien sur le court. J'aurais certainement dû gagner sur cette première balle. Je suis content de m'en être sorti aujourd'hui.
Q. Vous n'avez pas eu beaucoup de réussite sur terre battue, surtout ici. Comment expliquez-vous la manière dont vous jouiez auparavant et votre réussite aujourd'hui ?R. C'est forcément un bonus après le premier tour de continuer à jouer ici. J'ai beaucoup travaillé avec Jose, Diego, beaucoup travaillé sur mon jeu de jambes, sur mon coup droit. J'ai travaillé mon attaque.
Q. Revenons à la première balle de match. C'est une situation sur laquelle vous auriez pu craquer plus facilement au cours des derniers mois. On avait l'impression que le poids était dans votre raquette.R. J'aurais préféré conclure sur la première balle de match, effectivement. Maintenant, je ne craque plus. Je reste concentré tout le match. Il y a quelques années, je me serais sans doute complètement démobilisé.
Q. Le match était long à ce point du tournoi. Comment vous sentez-vous ?R. Très frais. C'était un très beau match pour moi. Il n'a duré que deux heures. J'ai hâte de passer à la seconde semaine.
Q. Félicitations. Vous avez l'air très à l'aise. Est-ce ainsi que vous vous définiriez sur cette surface ?R. Oui, je renvoie très bien la balle. Maintenant, j'aimerais bien pouvoir
rejouer immédiatement. Je n'ai presque pas envie d'attendre. C'est tout un processus. Je me suis battu à partir du premier point et j'ai fait mon travail.
Q. De par votre classement, vous allez partir aux Jeux olympiques, a priori. Qu'est-ce que cela vous fait ?R. Je suis très heureux d'avoir la possibilité de jouer à Pékin, de
représenter mon pays. Comme vous le savez, ce n'était pas joué d'avance. Je vais devoir réorganiser mon agenda. Je vais me concentrer sur la semaine qui me reste à venir, et jouer d'autres matches, je l'espère, ici.
Q. C'est tout à fait naturel de commencer à reprendre ce tournoi par rapport à ce qui s'est passé en 2005 à l'US Open avec Richard Gasquet. Vous aviez joué des joueurs très forts. Constatez-vous des similitudes entre ce qui s'est passé il y a trois ans et aujourd'hui ?R. Pas encore. Je n'ai pas disputé de match en 5 sets ici. J'ai joué quatre matches. Cela a été un peu plus facile, mais cela a été un combat de chaque jour. On se lève, il faut se motiver pour rentrer sur le court, pour jouer le match, pour aller de l'avant. Je me sens très bien. J'ai hâte de jouer contre Fernando.
Q. De temps en temps, y repensez-vous en vous disant : "J'ai déjà vécu quelque chose comme cela" ?R. C'est bien d'avoir cette expérience parce que l'on sait à quoi
s'attendre. Evidemment, je n'en suis pas encore aux demi-finales. J'aimerais en rejouer, mais j'ai décidé de prendre un match après l'autre, sans trop penser à ce qui va se passer après.
Q. Un Américain en seconde semaine de Roland Garros, cela fait très longtemps que l'on n'avait pas vu cela. Comment traduisez-vous cette confiance de vainqueur que vous avez sur cette surface ?R. Vous me connaissez mieux sur surface dure. Plus je jouerai sur terre battue, plus mon jeu s'améliorera sur terre battue.
Q. Je voudrais revenir aux Jeux Olympiques. Trois de vos compatriotes ont laissé passer leur chance d'y participer. Pour vous, est-ce quelque chose de très important ? Pensez-vous qu'il faudrait que quelque chose soit fait pour que les Jeux Olympiques attirent plus les joueurs dans le contexte des tournois du Grand Chelem ?R. J'en ai parlé à Matty. Il m'a dit qu'il préférait les Grands Chelems. C'est une énorme opportunité de participer à des Jeux Olympiques dans un pays où je n'ai jamais été auparavant. J'ai parlé avec des joueurs qui ont participé aux derniers JO. Ils se sont beaucoup amusés. C'est une occasion
spéciale pour moi.
Q. Maintenant, c'est Gonzalez. Vous ne l'avez jamais joué sur terre battue. Savez-vous comment vous allez régler votre jeu pour jouer contre lui sur terre battue ?R. C'est un énorme joueur en coup droit. Il a une très, très grande expérience sur terre battue. Heureusement que mes coaches, que mon entraîneur, toute l'équipe qui est autour de moi, me connaissent bien. Ils m'ont conseillé de continuer à jouer mon jeu comme ils l'avaient fait. C'est ainsi que je peux prendre le dessus.
Q. Vous avez parlé de motivation. Ces derniers mois ont sans doute été différents pour vous. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?R. Oui, Jose est très différent. Maintenant, Diego arrive. C'est une autre
voix, une autre personne qui m'aide à aller de l'avant quand je me lève, qui me transmet son énergie. Pour moi, c'était le bon moment de travailler avec Jose, Diego. Grâce à eux, je vais pouvoir développer mes potentialités.
Q. Le monde du tennis se demandait, il y a quelques mois, si Roger allait prendre un entraîneur ou non. Pour d'autres joueurs, peut-être est-ce un peu difficile d'avoir des entraîneurs qui ont travaillé pour eux et qui, maintenant, vont avec le numéro 1 mondial. Cela vous a-t-il agacé ? Ennuyé ? Pourriez-vous nous dire deux mots sur Diego et ce qu'il vous a apporté ?R. C'était à Palm Springs lorsqu'il me l'a dit. J'étais content qu'on lui
offre une telle possibilité de travailler avec Roger. Il m'a dit que, si je n'étais pas d'accord, il n'accepterait pas le poste d'entraîneur de Roger. Il m'a dit que je restais sa priorité numéro 1, que, si j'avais un problème avec cela, il ne le ferait pas. Quelques autres joueurs sont venus me voir. Les gens ont commencé à en parler en disant :
"Il a laissé tomber, bla-bla-bla". Je sais qu'il est toujours à 100 % derrière moi. J'ai travaillé avec Diego une semaine et demie avant Palm Springs. Puis je me suis entraîné sur terre battue pour venir ici, en Europe, à Paris. J'ai toujours travaillé avec ces deux coaches. Pour ce qui le concerne, il a toujours fait du bon travail avec moi, puis avec Roger.
Q. Est-il juste de dire que la terre battue est moins un mystère pour vous ?R. Oui, mais en parlant avec mes nouveaux entraîneurs, cela m'a ouvert les
yeux. Avant, je ne savais pas quels coups jouer sur terre battue lorsque j'étais dans la panade. Je ne savais pas bien régler monservice. Je n'avais pas une grande expérience sur la terre battue. Là, je les écoute. C'est une grande expérience.
Q. Pouvez-vous nous expliquer ce que vous portez sur votre bras droit ?R. Il y a une bande. C'est juste pour mes triceps. Cela devait être retiré
il y a trois ou quatre semaines. Mais, il y a un match ou deux, j'ai senti des points de douleur. On m'a donc remis un bandage. Pour autant, je me sens bien à 100 %. Je pense le garder maintenant.
Q. Aux dernières olympiades, qu'avez-vous fait ? Comment avez-vous passé votre temps ?R. J'avais ma famille avec moi, c'était plutôt sympa. J'ai nagé, joué au
tennis, bien sûr. C'était tellement proche de la maison. Quand un tel événement est si proche de la maison, c'est plutôt sympathique.
Q. En 1991, le vainqueur ici avait une belle combinaison de coach avec Jim Courier. Espérez-vous que ce soit la même chose ? Vous parlez de votre besoin de jouer votre jeu sur terre battue, de ne pas modifier votre jeu de surface dure. C'est la même information qu'il avait donnée à Courier, sans doute pourrez-vous en bénéficier.R. Oui, c'est une très bonne information, jouer son jeu que la surface soit dure ou que ce soit de la terre battue. Lui, c'était un joueur qui pouvait
jouer sur toutes les surfaces. Tous les deux, nous avons beaucoup parlé, sans doute plus qu'avec n'importe quel autre entraîneur que j'ai
eu.
Q. Vous essayez d'ignorer le fait que vous êtes le dernier Américain dans le tableau des simples messieurs. Y êtes-vous attentif ? Cela joue-t-il sur votre morale ? C'est énorme pour un Américain ?R. Oui, bien sûr. Quand j'y pense, la sensation est bonne. Evidemment,
j'aurais aimé que mes compatriotes soient là également. J'essaie de ne pas trop me mettre de pression. Je fais ce que j'ai à faire. Je continue d'avancer.
Q. Robby, les conditions hors des courts… Les joueurs font différentes choses. J'ai entendu dire que vous étiez un adepte acharné de la salle de gym. Y faites-vous beaucoup de choses ? Qu'est-ce qui vous motive à vous entraîner à devenir de plus en plus fort ?R. J'adore aller en salle de gym et m'exercer à 200 %. Je travaille sur ma forme pour être sûr de pouvoir tenir. Ici, on joue en 5 sets, il faut pouvoir tenir. Vous ne savez jamais combien de temps vont durer les matches quand vous entrez sur le court. C'est du travail. Quand vous vous préparez quotidiennement, tous les jours, vous vous rendez la vie plus facile.
Q. Pour quelles raisons avez-vous pris Diego avec vous ?R. Diego, nous en avions parlé bien avant que Roger ne récupère mon
entraîneur. On avait commencé à travailler. Dès que la possibilité s'est présentée de travailler plus, on l'a fait.
Q. Sur quoi allez-vous travailler plus ? Votre service ? Votre coup droit ? Votre revers ?R. Mon coup droit. Je vais apprendre également à être patient pour attaquer mes coups.
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